Maître de conférence et président de l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l’Ouest) Du désastre de l’expertise à l’expertise du désastre L’exploitant est le premier responsable de la sûreté des ses installations, et doit assumer les conséquences d’un accident nucléaire – qui est aussi une faillite du contrôle exercé par les autorités. Aucun d’entre eux, pas plus qu’ailleurs, n’était préparé à une catastrophe nucléaire de grande ampleur, d’où une part d’improvisation et donc d’erreurs de gestion. Ce contexte persistant est source de défiance envers les autorités. Il conduit à une montée en puissance de la société civile qui prend en charge la mesure de la radioactivité, primordiale quand on vit en territoire contaminé, améliorant ainsi nettement la connaissance des zones contaminées et le contrôle de la nourriture. Le gouvernement a failli à sa mission de protection des populations lors de la phase d’urgence. Alors que son vaste chantier de « décontamination » montre ses limites, il vient de décider de distribuer des dosimètres aux évacués qui rentreraient chez eux pour qu’ils limitent leur exposition. Ce changement de paradigme nécessite d’associer les populations dans la prise de décisions collectives concernant l’avenir des territoires contaminés.