Le projet DILEM (« Déplacés et Indécis Laissés à Eux-Mêmes ») aborde les parcours de vie des populations sinistrées vivant hors des zones d’évacuation suite à l’accident de TEPCO au Japon et les motivations qui les amènent, en l’absence de soutien des autorités, à s’installer ailleurs, rester ou revenir sur place une fois le premier temps de sauve-qui-peut passé. Il traite aussi les problèmes liés à la mesure de la radioactivité, à sa cartographie, et aux zonages d’évacuation officiels.
DILEM regroupe des chercheurs français et japonais, issus des sciences sociales et des sciences physiques. Il est coordonné par Marie Augendre (EVS/Lyon 2) et Kurumi SUGITA (IAO). Il a débuté en juillet 2013, et devrait se prolonger jusqu’en 2015, avec le soutien financier de la mission interdisciplinarité du CNRS, dans dans le cadre du programme Nucléaire, énergie, environnement, déchets, société.
L’hypothèse de départ de ce projet est double : d’une part, quelque soit la décision prise, ces populations se trouvent le plus souvent dans une situation de vulnérabilité accrue ; d’autre part, les solutions qu’elles mettent en place au quotidien, leurs stratégies pour se prémunir du risque, leurs revendications, sont dignes d’intérêt et méritent d’être prises en compte.
L’objectif est à la fois de mieux comprendre dans quelle mesure la connaissance de la radioactivité appuie leur décision, à partir d’entretiens longitudinaux de plusieurs dizaines de personnes venant de Fukushima ou d’autres départements, et aussi de faire connaître les situations complexes dans lesquelles elles se trouvent depuis l’accident nucléaire.
Afin de faire connaître la situation de ces sinistrés peu audibles en France, de mettre en perspective leur situation, et de partager l’expérience des chercheurs et des praticiens, l’équipe de DILEM a organisé un séminaire sur le thème des territoires contaminés ou menacés de l’être, non seulement au Japon (David Boilley, Bertrand Gallet), mais aussi au Belarus (Yves Lenoir) ou en France (Geneviève Baumont, Alain Chabrolle). Les interventions ont été suivies de temps d’échanges entre les invités, le grand public et les étudiants présents.