La rhétorique classique sur la protection de la faune sauvage a tendance à négliger le facteur humain dans la prise en compte de l’environnement animal. Ce film-documentaire (réalisé en 1978 dans les lacs au sud de Lambaréné) pose clairement la question des plantations dévastées par les éléphants – qui sont de grands consommateurs de nourriture végétale – face à une administration qui est chargée de les protéger.
Le débat est engagé dès le début du film par la présentation in situ de la destruction d’une plantation, « comme si c’était le travail d’un Caterpilar », selon l’expression d’une victime d’un champ de manioc dont il ne reste rien. Il se poursuit par l’abattage d’un éléphant de l’espèce « assala » dont un troupeau ravage les plantations à quelque distance du village Alonha, au fond du lac Onangué. Il se développe enfin sur les images du dépeçage de l’éléphant qui vient d’être abattu, par les villageois venant prendre leur part de viande, tout en réitérant leurs récriminations contre le fléau des pachydermes envahissant leurs zones de cultures. La trame du film est d’ailleurs principalement fournie par l’entretien avec un chasseur français originaire des Vosges, alors implanté dans le secteur des lacs, et auquel les populations avaient recours pour les aider à se protéger contre l’invasion des éléphants. Celui-ci donne longuement son point de vue sur la question, en séquences alternées avec les images vives du dépeçage.
Bref ce film a tout d’un contre-discours alimentant un problème d’écologie sur lequel on est loin d’avoir dit le dernier mot. Le film a été réalisé par Raymond Mayer (Jubilé N’neng-alôr au générique) dans le cadre d’un documentaire de la télévision gabonaise dont les images ont été assurées par François Nzoghe et le son par Joseph Obiang qui en était alors à sa première sortie.
(Durée du film : 25’. Copie vidéo d’une copie de film 16 mm en son optique, dont l’original en double bande a été détruit par la RTG en 1985).