Myriam Pellicane conte ici à des étudiants d’Anthropologie, Licence 3e Année) une version du conte type 1655 (The Profitable Exchanges), qu’elle nourrit tout à la fois de son enfance en Algérie, de ses recherches et de ses rencontres. Des adolescents à qui elle l’a contée sur Esplanade de la Gare de Perrache, a-t-elle confié, n’ont jamais voulu croire qu’il puisse s’agir là d’un conte traditionnel.
Myriam Pellicane s’est peut-être inspirée d’un recueil de contes tunisiens où figure le même personnage. Le motif final du chien qui sort du sac, – [K526] dans le Motif-Index of Folk Literature de Thompson -, prend ici une allure fantastique et burlesque. Le héros triche-t-il ? se demande Denise Paulme (1976 : 138-164), pointant la nécessité de l’échange en société pour en questionner les bornes et les limites. Au terme d’une analyse qui met en jeu la figure du héros civilisateur et Décepteur (Trickster) et où elle compare versions européennes et versions africaines, l’anthropologue propose une conclusion qui rejoint les analyses du conte comme récit d’action répondant à un désir de justice, selon une éthique de l’événement par opposition à la morale (Jollès) : Dans les contes au moins la ruse ne triomphera que lorsqu’elle doit sauver l’innocent, dénoncer le coupable ou punir un abus.
Pour entrer plus précisément dans l’analyse du corpus T1655
Cosquin E., Contes de Lorraine, « L’homme au pois » n° 62, Paris, Ed. Philippe Picquier, 2003, p. 527-540.
Paulme D., La mère dévorante, chp VI : « Les Échanges successifs », Paris, Gallimard, 1976, p. 138-164.
[« Les échanges successifs » est le titre choisi sur le site pour nommer le type, « Le grain de maïs » s’imposant au fil des échanges par un bouche à oreilles plus affectif]
Date : 3 mars 2011
Lieu : MSH, avec des étudiants de l’Université Lyon 2
Image et son : Christian Dury