Le conte commence comme « Peau d’âne ». Myriam Pellicane l’a reçu de Jean Porcherot (traduction orale simultanée d’une version anglaise lors d’un stage au Moulin, en août 2001). Excès baroque, invention d’une langue arabe à plusieurs voix et d’une gestuelle inspirée du Kung Fu, Myriam lui a donné tout son souffle et son étoffe au fil des rencontres. Il est ici conté à des étudiants de l’Université Lyon 2 (Anthropologie, Licence 3e année).
Dire l’inceste, faire entendre l’indicible, le conte sait le faire, loin de la parole ordinaire, dans l’économie de la métaphore. Myriam Pellicane marie la gestualité baroque et le kung-fu (Tanglang Quan, « boxe » de la mante religieuse) avec ses mots, au plus près du texte anglais. Où s’invente une Settouta, la « vieille ramasseuse » rusée, qui rejoint les grandes figures des mythes du démembrement (Isis, Déméter, Dionysos Zagreus, la Loba mexicaine…).
La conteuse répond ici à une sollicitation ancienne et répétée qui a beaucoup compté dans la maturation du site : saisir le « geste baroque du petit supplément », c’est-à-dire entrer dans la dynamique d’une recherche qui ose approcher en images et en sons le fil et la trace (Ingold), la durée et l’instant, l’invisible et le visible, le virtuel et l’actuel, la présence et la transparence, où joue la parole conteuse : au plus concret du plus petit grain narratif.
Pour un aperçu du texte-source
K. Ramamujan, Folkstales from India : A Selection of Oral Tales from Twenty-Two Languages, Pantheon Fairy Tale & Folklore Library, 1994, p. 187-189 : The Princess Whose Father Wanted to Marry Her.
Date : 3 mars 2011
Lieu : MSH Lyon
Image et son : Christian Dury